Jean-François Marmontel

 

 

Poëtique françoise

 

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Chapitre premier.

De la Poësie en général.

 

[39] SI je dis, comme Simonide, que la Peinture est une Poësie muette, je crois la definir complettement; si je dis que la Poësie est une peinture animée & parlante, aurium pictura, je suis encore bien au-dessous de l'idée qu'on en doit avoir.

C'est peu de rappeller son objet à l'esprit, comme l'éloquence & l'histoire, elle le présente à l'imagination avec se trait & ses couleurs, comme feroit un excellent [40] tableau, & cela seul l'égale à la Peinture.

...... Furor impius intùs,
Sæva sedens super arma, & centum vinctus ahænis.
Post tergum nodis, fremet horridus ore cruento.
  [Virgile.]

Rubens lui-même auroit-il mieux peint la Discorde enchaînée dans le temple de Janus?

La Peinture saisit son objet en action, mais ne le présente jamais qu'en repos. En exprimant ces vers de Virgile:

Illa vel intactæ segetis per summa volaret
Gramina, nec teneras cursu læsisset aristas
(a).

le Peintre représentera Camille élancée sur la pointe des épis, mais immobile dans cette attitude; au lieu qu'en Poësie l'imitation est progressive & aussi rapide que l'action même. La Poësie n'est donc plus le tableau, mais le miroir de la Nature.

Dans un miroir les objets se succedent & s'effacent l'un l'autre; la Poësie est comme un fleuve qui serpente dans les campagnes, & qui dans son cours répete à la fois tous [41] les objets répandus sur ses bords. Il y a plus: cet espace que parcourt la Poësie est dans l'étendue successive comme dans l'étendue permanente: ainsi le même vers présente à l'esprit deux images incompatibles, les étoiles & l'aurore, le présent & le passé.

Jamque rubescebat stellis aurora fugatis (a).

Dans les exemples du tableau du miroir & du fleuve, on ne voit qu'une surface; la Poësie tourne autour de son objet comme la Sculpture, & le présente dans tous les sens.

Elle fait plus que répéter l'image & l'action des objets; cette imitation fidele & servile, quelque talent, quelque soin qu'elle exige, est sa partie la moins estimable. La Poësie invente & compose; elle choisit & place ses modeles, arrange & combine elle-même tous les traits dont elle a fait choix, ose corriger la Nature dans les détails & dans l'ensemble, donne de la vie & de l'ame aux corps, une forme [42] & des couleurs aux pensées, étend les limites des choses & se fait un nouvel unvers.

Dans cette maniere de feindre & de composer, la Peinture a essayé de la suivre, mais elle n'a pu la suivre que de loin, & dans ce qu'elle a de plus facile: car ce n'est point dans le physique, mais dans le moral, qu'il est mal-aisé de réaliser les & d'imiter par la fiction ce qui n'est pas, comme s'il étoit: Non solum quæ essent, verumtamen quæ non essent. [Jul. Scal.]

L'objet des Arts est infini en lui-me: il n'est borné que par leurs moyens. Le modele universel, la Nature, est présent à tous les Artistes; mais le Peintre qui n'a que des couleurs ne peut en imiter que ce qui tombe sous le sens de la vûe; le pinceau de Vernet ne rendra jamais dans une tempéte, Clamorque virûm stridorque rudentum (a).

Boucher peindra Venus se dérobant aux [43] yeux d'Ænée; mais il n'exprimera que bien confusément:

Ambrosiæque comæ divinum vertice odorem Spirare (a).

De même le Musicien qui n'a que des sons, ne peut rendre que ce qui affecte le sens de l'ouie, & pour former ce tableau des effets de la lyre d'Orphée,

At cantu commotæ Erebi de sedibus imis,
Umbræ ibant tenues (b).

L'harmonie appellera la danse & la peintur à son secours, comme dans nos spectacles lyriques. Il est vrai que chacun de ces Arts exprime son objet plus vivement que ne fait la Poësie, par la raison que les signes naturels qu'ils emploient ressemblent à ce qu'ils imitent; au lieu que le rapport des signes de la Poësie avec ce qu'ils nous rappellent, est tout fictif & de [44] convention. Mais cet équivalent universel des signes des Arts, la parole, fait au commun des hommes assez d'illusion, pour les émouvoir au même degré que le souvenir le plus fidèle, & pour reproduire aux yeux de l'ame l'univers physique & moral.

Cependant, ni les objets de tous les sens ne sont également favorables à cette peinture intellectuelle, comme je l'observerai à propos des images, ni toutes les langues n'ont la même faculté de renouveller dans l'ame les impression de tous les sens. Plus une langue a de signes distincts pour les idées & les rapports des idées, plus elle est favorable à l'éloquence, á la Philosophie, à tout ce qui parle à l'esprit: plus une langue abonde en termes figurés nombreux & sonores, plus elle est favorable á la Poësie. Il est encore une expression aussi simple que celles des idées, aussi vive que celle des images, & qui dans l'éloquence & la Poësie peut donner à une langue sur les autres langues un avantage [45] prodigieux: c'est l'expression du sentiment. Plus elle est abondante, & graduée en nuances distinctes & délicatement saisies, plus il est facile au Poëte de peindre les émotions & les penchans dont elle marque les degrés. Concluons que toutes les langues ne sont pas également Poétiques, & que la Poësie elle-méme, qui s'étend si loin au de-là des limites deus les arts, est enfermée comme eux encore dans des bornes plus ou moins étroites, selon que la langue où elle s'exerce la favorise ou la contraint. Mais quelque gênée qu'elle soit, ni aucun des arts, ni tous les arts ensemble n'imiteront ce qu'elle exprime.

Elle seule pénetre au fond de l'ame & en expose à nos yeux les replis. Ni les douces gradations du sentiment, ni les violents accés de la passion ne lui échapent. Le degré d'élévation & de sensibilité, d'énergie & de ressort, de chaleur & d'activité qui varie & distingue les caractères l'infini, toutes ces qualités, dis-je, & les qualités opposées sont exprimées par la Poësie. [46] La méme vertu, le même vice a mille nuances dans la nature; la Poësie a mille couleurs pour distinguer toutes ces nuances. C'est peu d'étre aussi variée, aussi féconde que la nature même; la Poësie compose des ames, comme la Peinture imagine des corps. C'est un assemblage de traits pris ça & là de différens modèles, & dont l'accord fait la vraisemblance. Les personnages ainsi formés, elle les oppose & les met en action: action plus vive, plus touchante que la Peinture ne peut l'exprimer, action variée dans son unité, soutenue dans sa durée, & sans cesse animée dans ses progrès par des obstacles et des combats.

La Poësie en récit n'avoit que les signes arbitraires de la parole; il lui manquoit ce degré de vérité qui seul affecte le plus grand nombre. Qu'a-t-elle fait? elle a imaginé de donner à son imitations tous les dehors de la réalité: de-là le genre dramatique, où tout n'est pas illusion comme dans un tableau, où tout n'est pas vrai comme dans la nature; mais où le mélange de la fiction [47] & de la vérité produit cette illusion temperée qui fait le charme de nos spectacles. Il est faux que l'Actrice que je vois pleurer & que j'entens gémir soit Ariane; mais il est vrai qu'elle pleure & gémit: mes yeux & mes oreilles ne sont point trompés; tout ce qui les frape est réel: l'illusion n'est que dans ma pensée. Tel est l'art de la Poësie dramatique, le plus séduisant & le plus ingénieux de tous les arts d'imitation.

L'illusion de la Poësie n'est pas toujours soutenue par le prestige de l'action théatrale: c'est un secours qui lui vient du dehors, & dont elle a du pouvoir se passer: elle étoit même au comble de sa gloire avant que de l'avoir acquis; mais ce fut au soin qu'elle prit de séduire & de captiver un autre sens que celui de la vue, l'oreille, ce Juge délicat & sensible, qu'elle dut ses premiers succès. A l'expression du sentiment & des images elle voulut joindre l'expression de la voix, & non seulement émouvoir l'ame par l'éloquence du sentiment & le coloris des images, mais enchan[48]ter l'oreille elle-méme par la beauté physique des sons. La premiere de ces expressions lui tenoit lieu des couleurs de la Peinture; la seconde, si elle eût été complette, y eût ajouté les accens de la Musique: & c'est alors que la Poësie eût merité d'être appellée le langage des Dieux.

Cette réunion de la Musique & de la Peinture nous donne l'idée de la Poësie telle que les Grecs avoient osé la concevoir. Ce peuple doué d'un goût exquis dans la recherche de toutes les voluptés de l'ame, ce peuple qui dans tous les Arts dont les Chefs-d'œuvre ont pu se conserver, nous a laissé des modèles parfaits, & qui vraisemblablement n'excelloit pas moins dans les Arts dont le tems a détruit les monuments fragiles, ce peuple ingénieux en tout, s'étoit fait comme par instinct, une langue à la fois harmonieuse & imitative, dont les sons, les nombres, les accens donnoient aux mots le caractère des choses, & disposoient l'ame par l'émotion de l'oreille, à recevoir plus vivement [49] l'impression de l'image, ou du sentiment qui lui étoit transmit.

Graiis ingenium , Graiis dedit ore rotundo,
Musa loqui; præter laudem nullius avaris
. [Horat.]

Les Latins imiterent les Grecs en cela comme en toutes choses; mais leur Langue moins fléxible, moins mélodieuse que celle des Grecs, ne put donner à leurs vers la même expression musicale; & quel doit être le charme des vers d'Homere, s'ils sont plus harmonieux que ceux de Virgile!

Les Langues modernes dans leurs naissance n'avoient consulté ni la nature pour la peindre, ni les Langues anciennes pour les imiter. Elles se sont polies avec l'esprit & les mœurs des peuples; elles ont acquis de la souplesse, de la rondeur & du liant; mais elles n'ont rien gagné du côté des accens, & peu de chose du côté du nombre.

Les grands objets de la Poësie moderne, ce qui met le Tasse, l'Arioste, Milton, Corneille, Racine, La Fontaine, à côté, quelquefois au-dessus des Poëtes [50] anciens, c'est le dessein, le coloris, l'ordonnance, la fierté mâle des grandes touches, la délicatesse des touches légéres, l'harmonie de l'ensemble & le précieux des détails, en un mot, la partie de la Peinture, à laquelle toutes les Langues peuvent suffire, parce que dès leur naissance elles sont toutes figurées. Mais la partie musicale de la Poësie ancienne est perdue, & tout ce que le goût & le génie ont fait pour y suppléer ne nous en an donné que l'ombre.

La Poësie s'est donc éloignée d'âge en âge de cette institution primitive, qui en avoit fait un composé de l'expression de la Peinture & de celle de la Musique; mais peut-étre auroit-elle encore quelque moyen de s'en rapprocher, & l'on verra que je suis bien loin de vouloir qu'elle y renonce. Je dis seulement que ce qu'on appelle aujourd'hui l'harmonie de nos vers, ne mérite pas d'étre regardé comme une partie essentielle de la Poësie; & qu'en la supposant réduite au même langage que [51] l'Éloquence, elle ne laisseroit pas d'étre encore le plus ingénieux, le plus touchant, le plus enchanteur de tous les arts.

Platon décide que "celui qui ne connoît pas le rithme ne peut être appellé ni Musicien ni Poéte"; & je conviens que le rithme est essentiel à la Poësie; mais ce n'est pas celui du vers, & l'on sait que la prose a le sien.

La Poësie est une Peinture qui parle, ou si l'on veut un langage qui peint. Le comble de l'Art seroit de peindre en même temps à l'esprit & à l'oreille; mais si réduite à peindre à l'esprit, elle y excelle, n'est-ce point assez? L'harmonie musicale y mêloit sans doute un nouveau charme, & les Anciens avoient raison de s'y appliquer avec tant de soin; car l'esprit est bien indulgent quand l'oreille est une fois gagnée: que de choses foibles & communes sont embellies par des vers harmonieux! Voyez les Géorgiques de Virgile. Mais si la beauté des tableaux que la Poësie retrace à l'imagination, si les traits pathétiques dont elle [52] pénétre l'ame, la dispensent de s'attacher à produire ces effets qui enchantent l'oreille, changera-t-elle de nature en négligeant l'un de ses moyens? Supposons que les belles scènes d'Euripide & de Sophocle, que les morceaux sublimes d'Homere & de Milton n'ayent jamais été qu'en prose éloquente & harmonieuse; qui osera dire que ce n'est point de la Poësie; que les hommes de génie qui ont si bien peint n'étoient pas Poëtes; & qu'un ouvrage de ce style, rempli de pareilles beautés, ne mériteroit pas le nom de Poëme?

Tous les Poëmes anciens sont écrits en vers: ils auroient perdu à ne pas l'étre. Nous demandons aussi que nos Poémes soient en vers; mais est-ce demander la même chose? le plaisir qui peut résulter d'une égalité de mesure absolument idéale, & qui n'a rien de réel pour l'oreille, l'agrément de fantaisie que nous avons attaché à la rime, la surprise que nous cause la difficulté vaincue, & l'air de liberté qui dans un vers facile nous cache le travail [53] & la gêne; ces avantages de nos vers sur une prose animée & brillante, sont-ils tellement inséparables de la Poësie, que l'en priver ce soit l'anéantir? La fiction, l'imitation, le coloris, l'expression, le dessein, l'ordonnance, la peinture au plus haut degré ne seront plus de la Poësie dès qu'il y manquera ce nombre de syllabes, ces repos, & ces consonnances qui font l'essence de nos vers! c'est à quoi je ne puis souscrire. Aristote l'a dit: c'est le fond des choses, non la forme des vers, qui fait le Poëte & qui caractérise la Poësie. Castelvetro discute cette opinion, mais il y revient lui-même après l'avoir combattue. Or si le charme des vers d'Homere n'étoit pas de l'essence de la Poësie, si on la concevoit dénuée de cette harmonie enchanteresse, exigera-t-elle des vers sans rithme, & qui sont á peine des vers? Il faut avouer que dans la Langue Grecque la prose disputoit aux vers même la beauté du nombre & de l'harmonie: Quintilien a dit de Platon que sa prose étoit inspirée; [54] & Cicéron, que si Dieu parloit aux hommes il parleroit le langage de Platon: aussi n'ai-je pas prétendu qu'il fallut négliger de donner á la prose tous les charmes dont elle est susceptible; je crois même qu'elle exige une plénitude d'idées & de sentimens, une chaleur, une continuité d'action dont peut se passer un Poëme, où le méchanisme des vers occupe l'ame par intervale. C'est à quoi s'est mépris La Mothe en hazardant son Œdipe en prose. Il y avoit trop de vuides à remplir dans un sujet aussi simple: c'étoit Inez qu'il falloit prendre, en retrancher la scéne du conseil, serrer l'intrigue, la réduire à trois actes; & son épreuve auroit réussi.

La fiction est-elle de l'essence de la Poësie? Je réponds d'abord que pour corriger, embellir, animer la Nature, pour annoblir la vérité par le mélange du merveilleux, le Poëte est souvent obligé de feindre; ainsi la fiction est la compagne de la Poësie. Mais en doit-elle étre la compagne assidue? ou plutôt, la Poësie est-elle l'al[55]liance indissoluble de la fiction & de la vérité? C'est demander si la Nature, dans la réalité, n'est jamais assez belle, assez touchante pour être peinte sans ornemens. La question réduite à ce point de simplicité n'est pas difficile à résoudre. Le don de feindre est un talent essentiel au Poëte, par la raison qu'il peut à chaque instant avoir besoin d'embellir son objet; mais la fiction n'est pas essentiell à la Poësie, par la raison que l'objet qu'elle imite peut être assez beau en lui-même pour n'avoir pas besoin d'étre orné.

Il faut cependant distinguer ici le mérite du Poëme & le mérite du Poëte. Celui qui le premier a imaginé que le soleil se plongeoit dans l'onde & alloit se reposer dans le sein Thétis après avoir rempli sa carriere, a eu sans doute une idée très-poëtique; mais celui qui avec les couleurs de la nature auroit peint le premier le soleil couchant, à demi plongé dans des nuages d'or & de pourpre, & laissant voir encore au-dessus de ces vagues en[56]flammées la moitié de son globe éclatant; celui qui auroit exprimé les accidens de sa lumiere sur le sommet des montagnes, & le jeu de ses rayons à travers le feuillage des forêts, tantôt imitant les couleurs de l'arc-en-ciel, tantôt les flammes d'un incendie, celui-là je crois, auroit pu dire aussi, Je suis Poëte, quoiqu'il ne fût dans aucune des deux classes que nous assigne Scaliger. Aut addit ficta veris, aut fictis vera imitatur.

Cependant, ce tableau du coucher du soleil seroit-il aussi ingénieux que la fable des amours d'Apollon pour la Déesse des mer? Non sans doute, quand même il feroit une impression plus vive, & que par l'émotion que nous cause le beau spectacle de la Nature, nous y serions plus attachés.

Que de deux Poëmes il y en ait un dont l'action, l'intrigue, les caracteres soient de pure invention; sans être plus beau que celui qui après l'histoire présente une action réelle & des personnages connus, il aura sur lui l'avantage du génie [57] créateur sur le génie imitateur & peintre. Mais ce mérite, tout recommandable qu'il est, n'est point essentiel à la Poësie, et je me propose de le faire voir en parlant de l'invention.

À présent, quelle est la fin que la Poësie se propose? Il faut l'avouer: le plaisir. S'il est vicieux, il la deshonore; s'il est vertueux, il l'annoblit; s'il est pur, sans autre utilité que d'adoucir de tems en tems les amertumes de la vie, de semer les fleurs de l'illusion sur les épines de la vérité, c'est encore un bien précieux. Horace distingue dans la Poësie l'agrément sans utilité & l'utilité sans agrément: l'un peut se passer de l'autre, je l'avoue, mais cela n'est pas réciproque, & le Poëme didactique même a besoin de plaire, pour instruire avec plus d'attrait. Mais qu'à l'aspect des merveilles de la Nature, plein de reconnoissance & d'amour, le génie aux aîles de flamme, s'élance au sein de la divinité; qu'ami passionné des hommes, il consacre ses veilles à la noble ambition de les ren[58]dre meilleurs & plus heureux; que dans l'ame héroïque du Poëte l'enthousiasme de la vertu se mêle à celui de la gloire; c'est alors que la Poësie est un culte, & que le Poëte s'éleve au rang des bienfacteurs de l'humanité.

L'idée que j'attache à la Poësie est donc celle d'une imitation en style harmonieux, tantôt fidele, tantôt embellie de ce que la Nature, dans le physique & dans le moral, peut avoir de plus capable d'affecter, au gré du Poëte, l'imagination & le sentiment.

Par la Nature j'entends le système universel des choses, soumises à un pouvoir suprême, selon l'idée de Scaliger: Natura, potentia Dei; fortuna verò, voluntas: idée qui embrasse non-seulement le cours régulier & constant du monde, mais l'interruption de ses loix par des causes prédominantes que le Poëte suppose & que l'on admet: soit que le merveilleux des prodiges se fonde sur l'opinion; soit qu'imaginés à plaisir, l'esprit ne donne à leur vraisemblance que l'adhésion du moment, & [59] qu'ils passent comme de beaux songes.

Cette définition une fois établie, toutes les regles en vont découler. La premiere est d'être né Poëte: Horace & Despréaux l'ont dit avant moi; je vais tâcher d'expliquer leur pensée.

 

 

Die Anmerkungen stehen als Fußnoten auf den in eckigen Klammern bezeichneten Seiten.

[40] (a) De la moisson Camille effleuroit la surface,
Sans que le foible épi s'incļinât sous ses pas.   zurück

[41] (a) La pourpre de l'Aurore effaçoit les étoiles.   zurück

[42] (a) Le cri des matelots & le bruit des cordages.   zurück

[43] (a) Et ses cheveux flotans , arrosés d'ambroisie,
En répandent au loin le céleste parfum.   zurück

[43] (b) De l'Erebe à sa voix les ombres fugitives
Ont quitté leur asile & volent sur ses pas.   zurück

 

 

 

 

Erstdruck und Druckvorlage

Marmontel: Poëtique françoise.
Tome premier. Paris: Lesclapart 1763, S. 39-59.

Die Textwiedergabe erfolgt nach dem ersten Druck (Editionsrichtlinien).
Die am Seitenrand eingetragenen Anmerkungen werden in eckigen Klammern in den Fließtext eingefügt. Fußnoten werden als Endnoten wiedergegeben.

PURL: https://hdl.handle.net/2027/mdp.39015023127643
URL: https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k50772s
URL: https://books.google.fr/books?id=Z2M3AAAAYAAJ

 

 

 

Literatur

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