Louis Desprez

 

 

Baudelaire et les Baudelairiens

 

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Baudelaire est un sphinx qui attire les jeunes gens par le mystère de ses yeux de velours, par la sensualité de ses lèvres charnues et de son nez aux larges narines aspiratrices, par l'ombre de son grand front coupé d'un inquiétant pli droit, par la câlinerie féline de son demi-sourire; sa poésie ressemble à ces parfums concentrés qui suffoquent d'abord, auxquels on s'habitue peu à peu, et dont bientôt on ne peut plus se passer; ses pensées enlacent, ses rhythmes obsèdent.

Un tel poète ne naît que dans les civilisations avancées. Il exprime des nuances d'idées et de sensations d'une variété et d'une complexité extrêmes. L'odeur des pourritures et des boues remuées s'unit dans son œuvre à des senteurs de musc et de benjoin, à de molles émanations de chair mûre. Baudelaire trouve des ex[272]pressions pour les sentiments troubles, inavoués, inexprimés, qui grouillent au fond de l'homme. L'indécision de certains états psychologiques le fascine comme le clair obscur des nuits traversées de lune. Sur le monstrueux de quelque désir vague, la fièvre hallucinante et la terreur des insomnies, le poète projette "on ne sait quel rayon macabre." Victor Hugo lui écrivait: "Vous avez doté le ciel de l'art d'un frisson nouveau."

Cette sensibilité maladive marquait ici la place de Baudelaire; il a raffiné sur la poésie romantique un peu comme les Goncourt sur la prose. Dans la plupart des poètes contemporains, qui inclinent davantage vers la robustesse naturaliste, on retrouve la touche frissonnante des Fleurs du mal.

Il est donc nécessaire de décomposer cette influence, d'analyser l'homme et le livre. Etude d'une difficulté attachante. On y éprouve la volupté du mathématicien détaillant fil à fil l'écheveau embrouillé d'un problème délicat.

Charles Baudelaire est parisien. Né le 21 avril 1820, il avait quatorze ans lorsque sa mère se remaria avec le colonel Aupick. Immédiatement, lutte contre le beau-père. La raideur militaire du colonel, loin de briser l'enfant, lui donnait une nouvelle énergie de résistance.

Le futur poète des Litanies de Satan poussait dans le terrain qui convenait le mieux au développement de son imagination révoltée. Dès son adolescence, il se montre, comme plus tard, d'une extravagance sans égale. M. Maxime Du Camp a raconté la scène violente qui amena une rupture définitive entre le colonel et son beau-fils. Un soir, à table, Baudelaire, se mêlant à la conversation, lançait à dessein quelque paradoxe brutal pour horripiler l'assistance bourgeoise. Le colo[273]nel, impatienté, haussa les épaules et rabroua vertement l'importun. Baudelaire, pâle de colère, se lève et va se camper devant M. Aupick: "Vous m'insultez devant les gens de votre caste qui, pour vous faire plaisir, rient à mes dépens. Cela ne peut se passer ainsi, je vais vous étrangler." Et il joint le geste aux paroles. Le colonel Aupick a beaucoup de peine à se délivrer de cet énergumène, lui applique une paire de soufflets, le fait emporter par les domestiques et consigner dans sa chambre. Quelques jours après, on achète au jeune homme une pacotille et on l'embarque pour les Indes. Baudelaire, à dix-sept ans, était lancé à travers le monde.

Ils n'apparaissent pas clairement dans l'œuvre du poète

Ces pays parfumés que le soleil caresse.

On n'a qu'une vague vision de palmes fraîches et d'esclaves noirs. Peut-être ce dormeur éveillé n'a-t-il pas bien vu, et cependant, jusque sur nos quais et nos boulevards, il retrouvait dans ses souvenirs les âcres parfums des régions tropicales; au Cap, il s'éprit d'une négresse, bizarre déité, brune comme les nuits, dont l'image troublante revient sans cesse dans les Fleurs du mal.

Je t'adore à l'égal de la voûte nocturne,
O vase de tristesse, ô grande taciturne,
Et t'aime d'autant plus, belle, que tu me fuis,
Et que tu me parais, ornement de mes nuits,
Plus ironiquement accumuler les lieues
Qui séparent mes bras des immensités bleues.

Pour cet esprit qu'attire l'extraordinaire, la Vénus hottentote a plus d'attrait que la Vénus de Milo. Une liaison banale laisse froid ce poète aux nerfs maladifs; il trouve exquis le rare, se complaît seulement dans les [274] voluptés raffinées. Recherche morbide qui imprègne aussi le style.

A son retour, Baudelaire se trouva mêlé aux fils directs des écrivains de 1830, Théophile Gautier, Gérard de Nerval, M. Arsène Houssaye, M. Maxime Du Camp, M. Théodore de Banville.

Les premières années de l'écrivain expliquent l'amertume de son inspiration et dissipent l'obscurité de certains poèmes, la sombre Bénédiction, par exemple.

Ma jeunesse ne fut qu'un ténébreux orage
Traversé çà et là par de brillants soleils.

Mais les ciselures de la forme baudelairienne témoignent du premier milieu.

C'est l'école de l'art pour l'art qui a communiqué au poète son purisme et son amour des sonorités. "Baudelaire, dit M. Léon Cladel, dans une dédicace qui a l'air d'une apothéose, l'emporta sur tous par sa probité littéraire. Un mot le préoccupait au point de l'empêcher de dormir pendant huit nuits consécutives, une phrase le persécutait un mois durant, telle page des années; et c'est ainsi qu'au prix des plus cruels sacrifices il forma vers à vers sa poésie, ligne à ligne sa prose 1". Avec ces tendances, il ne pouvait tomber mieux que dans le cercle où Théophile Gautier régnait, professeur savant de style, "parfait magicien ès-lettres françaises", parvenant au moyen des mots à rendre la couleur et même l'odeur des choses, mais écrivain de décadence malgré ses belles facultés ou plutôt à cause de ces facultés mêmes. L'esprit quintessencié de Baudelaire où toute sensation simple se compliquait, où tout sentiment s'alambiquait, qui raffinait sur l'étrange [275] et pétrarquisait 1 sur l'horrible, devait se plaire dans la compagnie de ces esprits similaires, lâchés dans le paradoxe et la fantaisie, tout fêlés par ce coup de folie lyrique, la gloire mais aussi la faiblesse de trois ou quatre générations successives, qui, dans ce déclin de siècle, réduit les derniers romantiques aux avortements et à l'impuissance finale.

Dans ce cercle de bohèmes pleins de talent, le mépris et la haine du bourgeois étaient de rigueur. Gautier mettait un costume arabe pour continuer le carnaval de 1830, Gérard de Nerval avait besoin d'une tente pour y dormir à l'aise, Baudelaire affectait une mise grossière, portait des chemises de toile écrue et des paletots sacs, aimait à se faire passer pour un ivrogne aux yeux des profanes, ou, en plein salon officiel, qualifiait les femmes d'animaux qu'il faut enfermer, battre et bien nourrir. C'était là le genre du groupe. Les initiés se réunissaient à l'hôtel Pimodan pour manger du haschich et trouver dans les rêveries bizarres de l'opium des inspirations que le spectacle de la vie grondante autour d'eux ne parvenait pas à leur donner. Baudelaire prit dans ce cénacle son allure d'halluciné, garnit sa palette des tons violâtres et verdâtres de cadavres en décomposition 2; il se passionna pour des écrivains rares tels qu'Aloysius Bertrand, l'auteur de Gaspard de la nuit, ou que le grand américain Edgard Poë. Plus tard il a traduit magistralement les Histoires extraordinaires et s'est identifié avec son modèle. Esprit laborieux, du reste, incapable d'écrire des poèmes de longue haleine, devant plus à l'art qu'à l'inspiration, il avait trente-cinq ans déjà lorsque, en 1856, il publia [276] son unique volume de vers, les Fleurs du mal. On sait quel fut l'accueil du public et comme quoi un procès bête donna à Charles Baudelaire, du jour au lendemain, une réputation immense et méritée.

Les Fleurs du mal, émondées par la justice, inepte comme elle l'est toujours en matière littéraire, révélaient une originalité vraie, quoique trop voulue.

Je n'ai point l'intention d'écrire ici une étude complète des œuvres de Charles Baudelaire. Pour expliquer l'influence du poète sur les jeunes générations, il suffit d'esquisser son profil étrange, aux yeux attirants. Négligeant donc la traduction des Histoires extraordinaires et les petits poèmes en prose, bijoux ciselés trop laborieusement à mon gré, je veux dégager le génie de Baudelaire des seules Fleurs du mal: il est là tout entier. De quelques exemples ressortira la bizarrerie de l'inspiration.

Ces Fleurs du mal, on les voit et on les respire d'avance.

Le livre

Ne dit-il pas d'abord tout ce qu'il porte au ventre 1?

C'est un ensemble de poésies, assez arbitrairement groupées, mais d'un effet saisissant. Baudelaire a la prétention de donner une image du monde moderne ou plutôt d'une partie du monde moderne. En réalité, son livre, d'un bout à l'autre, produit l'effet d'un cauchemar puissant. Doué d'une vision si étrange que les choses les plus simples se transforment et prennent pour lui des apparences monstrueuses, le poète n'a rien moins que le sens du réel. On ne comprend pas comment certains critiques, M. J.-J. Weiss, entre autres, ont [277] pu mettre dans le même groupe les Fleurs du mal et leur contemporaine, Madame Bovary, deux mondes parfaitement distincts, le romantisme à l'agonie et le naturalisme naissant. Au spectacle de Paris, toujours fumant et haletant d'un labeur éternel, Baudelaire s'écrie:

Fourmillante cité, cité pleine de rêves,
Où le spectre en plein jour raccroche le passant!
Les mystères partout coulent comme des sèves
Dans les canaux étroits du colosse puissant.

Où nous voyons rouler des omnibus et se heurter des passants, Baudelaire voit "couler des mystères"; il ne peut faire trois pas sans que sur lui s'abatte l'essaim "des mauvais anges." En voulez-vous encore des preuves? Lisez cette étonnante pièce intitulée: Une martyre, où le rêveur montre, étendue sur un lit, une femme mystérieusement égorgée:

Un cadavre sans tête épanche, comme un fleuve,
            Sur l'oreiller désaltéré
Un sang rouge et vivant, dont la toile s'abreuve
            Avec l'avidité d'un pré.

Cette fois, c'est du Poë, c'est une hallucination sanglante.

Et pourtant il serait imprudent de prétendre qu'il n'a pas rendu d'une façon saisissante des détails très particuliers de la vie moderne. Contradiction apparente: Baudelaire a toujours la fièvre; il semble communiquer cette fièvre aux objets et aux êtres qu'il décrit. Ce procédé dénature complètement telle ou telle scène. Peignez fiévreusement un intérieur paisible et tout grimacera, car vous avez introduit de force votre propre surexcitation, toute subjective, parmi des êtres qui éprouvent par eux-mêmes une sensation diamétralement opposée. Baudelaire ressemble à ces gens qui [278] n'ont pas le sens du vert, du rouge ou de toute autre couleur. Placez-les en face d'un tableau où il n'y a pas de vert ou pas de rouge, ils jugeront aussi nettement que vous; dans le cas contraire, ils déraisonneront. Baudelaire reste amer et triste, même devant le soleil qui est gaiété; par conséquent il ne sera pas bon peintre du soleil et réservera ses traits les meilleurs pour les mélancolies lunaires. Il laisse glisser sur de belles pièces un rayon tombé des étoiles. Il rend avec puissance et variété les heures troubles du crépuscule; sa tristesse et son spleen sont dans la nature à ces heures-là; il ne les met pas où ils n'ont que faire.

A-t-on jamais mieux montré l'ensommeillement las et morbide du matin?

Les femmes de plaisir, la paupière livide,
Bouche ouverte, dormaient de leur sommeil stupide.

Ces deux vers révèlent des expériences auxquelles a dû se complaire la bizarrerie du poète. Baudelaire a passé bien des nuits de hasard dans le lit des femmes plâtrées, à sentir frissonner contre sa chair une chair vendue.

Et l'amour n'est pour moi qu'un matelas d'aiguilles,
Fait pour donner à boire à ces cruelles filles!

Mais qu'importe, puisque l'œuvre rayonne et qu'une dizaine de pièces des Fleurs du mal vivront autant que la langue française!

La Charogne restera comme une merveille descriptive: c'est la seule poésie spiritualiste du livre.

Cependant ce sceptique avait conservé d'une première éducation catholique une adoration mystique pour je ne sais quelle madone et surtout une robuste terreur de Satan:

[279] C'est le diable qui tient les fils qui nous remuent.

Mais l'étrangeté de Baudelaire éclate plus encore dans la forme que dans les idées.

Il a des comparaisons absolument stupéfiantes. Il marivaude dans l'horrible.

Sur l'oreiller du mal c'est Satan Trismégiste
Qui berce longuement notre esprit enchanté.
Et le riche métal de notre volonté
Est tout vaporisé par ce savant chimiste.

De telles images abondent:

Le ciel, couvercle noir de la grande marmite
Où bout l'imperceptible et vaste Humanité.

Encore mieux:

Et de longs corbillards, sans tambours ni musique
Défilent lentement dans mon âme; l'espoir,
Vaincu, pleure, et l'angoisse atroce, despotique,
Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.

Voyez-vous l'angoisse planter son drapeau noir sur le crâne de Baudelaire? Comme ce despotique est amené pour la rime! Car ce vrai poète, qu'on nous représente comme un versificateur savant, cheville continuellement.

Il y a des défauts plus graves, une obscurité souvent complète, et M. Renan, seul, déclare que l'obscurité devient une beauté chez un poète. Voici un passage, où Baudelaire, se souvenant de ce qu'il a souffert, représente le poète comme un paria véritable:

Pourtant sous la tutelle invisible d'un ange
L'enfant déshérité s'enivre de soleil,
Et dans tout ce qu'il boit et dans tout ce qu'il mange
Retrouve l'ambroisie et le nectar vermeil.

Il joue avec le vent, cause avec le nuage
Et s'enivre en chantant du chemin de la croix;
Et l'esprit qui le suit dans son pèlerinage
Pleure de le voir gai comme un oiseau des bois.

[280] Que signifie ce vers?

Et s'enivre en chantant du chemin de la croix.

C'est, j'imagine, un souvenir des douleurs du Christ portant sa croix; l'enfant monte inconsciemment au Calvaire; il rit et va sans défiance s'offrir au bourreau. On est obligé de réfléchir cinq minutes pour découvrir la pensée de Baudelaire. Les poètes arabes avaient l'habitude d'écrire un commentaire de leurs œuvres; on raconte même que l'un d'eux, ayant attendu trop longtemps pour rédiger ces notes explicatives, se vit forcé de renoncer à ce travail, car il ne se comprenait plus lui-même. L'auteur des Fleurs du mal aurait dû prendre la sage précaution des Orientaux.

Défaut rare, du reste, non moins que les qualités du livre. Alfred de Vigny seul, dans notre poésie française, a écrit des vers d'une concision aussi puissante, a ramassé en quelques mots des visions aussi amples. C'est un don que de plus grands écrivains, des hommes de génie, n'ont pas eu au même degré.

Baudelaire, comme tous les amants de la nuit, comme son maître Théophile Gautier, a la passion des chats. Leurs caresses silencieuses lui plaisent; ils sont les amis de son travail solitaire.

Ils prennent en songeant les nobles attitudes
Des grands sphinx allongés au fond des solitudes.

Ce dernier vers n'ouvre-t-il pas des perspectives immenses, de grandes allées de sphinx au milieu des sables déserts, sous la vaste solitude du ciel pur? Fermez les yeux, devant vous immédiatement,

Les grands pays muets longuement s'étendront 1.

Les cahots d'une voiture sur le pavé de Paris, dans [281] le calme du petit jour, résonnent-ils mieux au premier chapitre du Ventre de Paris que dans ce vers massif?

Le faubourg secoué par de lourds tombereaux.

L'impassibilité de la statue du Commandeur et la fierté dédaigneuse de Don Juan descendant aux enfers inspirent à Baudelaire des vers de marbre, aux larges plis et aux cassures sculpturales.

Tout droit dans son armure, un grand homme de pierre
Se tenait à la barre et coupait le flot noir;
Mais le calme héros, courbé sur sa rapière,
Regardait le sillage et ne daignait rien voir.

Du milieu des bizarreries de chaque page on entend s'envoler des strophes sonores. L'expression a la grandeur de l'idée.

Baudelaire est l'un des rares poètes français qui aient communiqué au sonnet, ce poème de forme étroite, une ampleur dont on ne l'aurait pas cru capable. Exemple:

Je te donne ces vers, afin que si mon nom
Aborde heureusement aux époques lointaines
Et fait rêver un soir les cervelles humaines,
Vaisseau favorisé par un grand aquilon,

Ta mémoire, pareille aux fables incertaines,
Fatigue le lecteur ainsi qu'un tympanon,
Et par un fraternel et mystique chaînon
Reste comme pendue à mes rimes hautaines.

Etre maudit à qui, de l'abîme profond
Jusqu'au plus haut du ciel, rien, hors moi, ne répond,
O toi qui, comme une ombre à la trace éphémère,

Foules d'un pied léger et d'un regard serein
Les stupides mortels qui t'ont jugée amère,
Statue aux yeux de jais, grand ange au front d'airain.

Seul, M. Leconte de Lisle a écrit des sonnets aussi grandioses. Quatorze vers disposés dans un certain ordre rigoureusement indiqué ne donnent pas l'hospita[282]lité qu'à une idée gracieuse ou ingénieuse; la pensée la plus vaste se meut à l'aise dans ce cadre; les poètes de haut vol peuvent faire des sonnets sans déchoir.

Mais ces questions de forme n'intéressent que les gens du métier. Ce qui donne au public la mesure d'un écrivain, c'est l'influence de ses livres sur la littérature de son temps.

La génération nouvelle sait par cœur les Fleurs du mal: elle se grise de Baudelaire de même que ses ainées se sont grisées de Musset.

Et, comme les défauts se communiquent plus aisément que les qualités, c'est surtout son maniérisme qu'on emprunte au poète de la Charogne.

Il y a là un véritable danger pour le génie français fait, avant tout, de clarté et de bon sens. Les ultra raffinent encore sur le maître. Et cependant Baudelaire semblait s'être enfoncé aussi loin que possible dans l'étrange. Jugez où l'on aboutit. Lorsque l'art sort de l'imitation franche de la nature, lorsqu'il se laisse égarer dans le cauchemar, il entre dans une impasse. Baudelaire mourut à l'âge de quarante-six ans, au seuil de la folie.

Le plus robuste des disciples de Baudelaire est, à coup sûr, M. Jean Richepin. Si les autres sont schopenhauéristes, poitrinaires et lugubres, celui-ci, au moins, de belle humeur et de poumons solides, fait plaisir à entendre, même lorsqu'il s'enroue. M. Richepin vient de l'Ecole Normale. M. Edmond About doit renier ce parent hirsute et mal appris qui s'enivre de gros vin bleu et parle le langage des rues. La vieille Université, comme une poule qui a couvé un canard, s'effare de ce fils inouï et met ses bésicles pour l'examiner soigneusement quand il passe.

La Chanson des Gueux, qui a fait emprisonner l'auteur [283] pour outrage à la morale publique, est un essai très curieux de poésie moderniste. M. Richepin a des tendresses pour les va-nu-pieds de Paris. Je lui reproche de les idéaliser beaucoup trop, d'accrocher dans leurs loques trop de rayons de soleil. La population flottante des barrières, les vagabonds, les souteneurs et les filles ne méritent pas cette compassion du poète. Ils sont plus abjects, et l'arsouille n'a guère d'attendrissements lyriques devant la nature. Il est vrai que pour racheter ses complaisances, M. Richepin frappe quelquefois trop fort, s'épuise en audaces inutiles. Il est de ceux qui prennent la brutalité pour la vérité. Certes, l'école nouvelle a montré qu'elle ne reculait pas devant les hardiesses. Mais il faut savoir les employer à propos. Dans les tableaux triviaux de M. Richepin, il y a infiniment de fantaisie. Faites de chic et non résultat de l'observation, les pièces écrites entièrement en argot semblent composées à coups de dictionnaire. L'auteur, avec sa verve railleuse et gasconne, ne se moque-t-il pas de ses lecteurs lorsqu'il leur affirme qu'il parle l'argot couramment? Le ton gouailleur de la préface permet de le soupçonner. Le poète ne s'est pas dit: Je vais livrer au public une étude de mœurs exacte. Dans presque tous ses vers on sent le désir d'ameuter la foule, de faire du tapage au moyen de quelques expressions nues et de quelques tableaux violents. C'est le coup de pistolet romantique encore, et non la simplicité sévère et froide de l'écrivain naturaliste. Dans une très belle pièce dédiée a M. Maurice Bouchor:

Tu sais, frère, combien je t'aime;
C'est pourquoi je veux l'épargner,
En t'avertissant, le baptême
De l'expérience à gagner.......

[284] M. Jean Richepin montre le bout de l'oreille; il a voulu épater le bourgeois, l'amener à prendre des vessies

Pour des lanternes, sacrebleu!

Dans tous les cas, il n'a pas su abandonner les vieux rhythmes lyriques. Les strophes hugolesques, excellentes pour l'ode, merveilleuses d'envolement, nuisent à la poésie d'observation, à la poésie épique contemporaine. La forme et le fond diffèrent trop. Imaginez un versificateur mettant en rondeaux tout l'ancien testament! Il ne s'agit plus de faire des tours de force poétiques à la Théodore de Banville, de ressusciter des formes artificielles, d'équilibrer une sextine ou une ballade. Il n'y a rien de plus agaçant, je le répète, que le faux lyrisme, et le novateur puissant qui nous délivrera de cette plaie sera le bienvenu.

J'ai disloqué ce grand niais d'alexandrin,

criait Victor Hugo. Si bien disloqué, en effet, qu'il est assez large et assez souple pour charrier toutes les idées modernes.

M. Richepin tient aussi des romantiques son personnalisme. Le moi apparaît sans cesse dans la Chanson des Gueux. Le poète, malgré ses affectations brutales, n'est pas assez fort pour s'abstenir soigneusement.

Il a parfois des accents de flûte d'une douceur antique qui font songer à André Chénier. Voyez la Vieille statue ou le Bouc aux enfants; ce dernier poème paraît sculpté dans l'ivoire par un fin miniaturiste; ailleurs le vers s'emplit d'une mélancolie vague et profonde. Je préfère la pièce intitulée: Tristesse des bêtes, cette rêverie bercée par le lent cheminement d'un troupeau, dans la vapeur poussiéreuse et dorée du soir tombant [285] à bien des coups de gueule, à bien des cynismes affectés.

Maïs la vraie originalité de M. Richepin réside plus dans sa prose que dans ses vers. Pour la foule, il est resté l'auteur de la Chanson des Gueux; son succès de 1875 barre la route à ses romans. Pourtant, la phrase ramassée, nerveuse et puissante de la Glu, dans son raccourci pittoresque, inaugure un faire qui finira par triompher des développements sans bornes de l'école Flaubert. Deux générations ont vécu de l'énumération infinie; le moule s'épuise. Qui imposera une nouvelle formule nette, brève, forte? Peut-être M. Richepin, s'il voulait rester observateur, s'abstenir du caricatural et du romanesque.

Comme le poète des Gueux M. Paul Bourget, son ami, vaut surtout par la prose.

Lui aussi, le théoricien de l'école Baudelairienne, il a suivi le maître dans les boudoirs troubles, pleins de parfums énervants. Mais il n'arrive pas à lancer des blasphèmes au ciel avec une bouche de cuivre. Sa voix a des harmonies amoureusement vagues; Baudelaire finit en Shelley. L'auteur des Aveux compare son âme à un jardin dont les allées

Se peuplent chaque soir de formes long voilées
Qui frissonnent devant un ciel rose et glacé.

Et c'est bien l'image de cette poésie qui se plaît à voguer aux clartés pâles de la lune sur les lacs écossais ou à entendre la brise gémir dans les bruyères. Des paysages calmes, aux tons doux, un peu froids.

O nuit, ô douce nuit d'été qui viens à nous
Parmi les foins coupés et sous la lune rose,
Tu dis aux amoureux de se mettre à genoux.
Et sur leurs fronts brûlants ton souffle frais se pose.

[286] Il y a dans ces beaux vers une tendresse enlaçante et voilée.

M. Paul Bourget est souvent nébuleux et de souffle court. Il se complaît dans une désespérance philosophique qu'il savoure voluptueusement.

On n'entend plus, dans ce concert de décadents, la note de M. Verlaine. Le poète Saturnien a trouvé, paraît-il, son chemin de Damas, en marchant de trop près sur les traces de Baudelaire. Il a troublé sa vie et brisé sa lyre. M. Verlaine fut pourtant pendant longtemps l'un des espoirs du Parnasse. Il partageait avec M. Coppée les sympathies naissantes du public. Mais il n'a plus maintenant que des cantiques sacrés.

Des jeunes remplacent ce vétéran du Baudelairisme. Tout récemment M. Albert Wolff nous a présenté une recrue de talent, M. Maurice Rollinat.

Chez M. Rollinat, l'inspiration de Baudelaire est plus apparente encore que chez ses aînés: elle ne se manifeste pas seulement dans le choix des sujets et des rhythmes, mais jusque dans l'expression.

M. Rollinat a divisé ses Névroses comme le maître avait divisé les Fleurs du Mal. Dès le début, l'obsession de l'infirmité humaine, le regard découragé sur les hommes et sur les choses. On dirait un ascète, dévoré par l'inquiétude des jours solitaires, luttant contre ses passions comprimées, toujours terrifié par l'œil de Satan, crachant au monde son dégoût.

Pourquoi l'instinct du mal est-il si fort en nous?
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Le meurtre, le viol, le vol, le parricide
Passent dans mon esprit comme un farouche éclair.

Ne croit-on pas entendre Baudelaire:

Si le viol, le poison, le poignard, l'incendie
N'ont pas encor brodé de leurs plaisants desseins
[287] Le canevas banal de nos pileux destins,
C'est que notre âme, hélas! n'est pas assez hardie.

M. Rollinat est si profondément imprégné de cette poésie quintessenciée et charmeuse, qu'elle semble devenue sienne; il n'a pas cette gêne qu'on éprouve à porter les habits d'un autre. Le goût des scènes étranges et des perversions le ramène sans cesse à la pensée de la mort et son œuvre finit dans des visions de spectres, au milieu des ténèbres.

O mort, vieux capitaine, il est temps, levons l'ancre,
Ce pays nous ennuie, ô mort, appareillons.

Est-ce M. Maurice Rollinat qui parle? Non, c'est Baudelaire.

Et qui chante en fermant son livre?

Vive la mort! vive la mort!

Est-ce Baudelaire? non, c'est M. Rollinat. Pourtant, je crois remarquer dans le fils un sentiment qui manque chez l'ancêtre: Baudelaire, plein de réminiscences catholiques, croit à Satan plus qu'à Dieu; M. Rollinat, lui, laisse échapper un cri de lassitude.

Soupir parlé des deuils intimes.
Vieux refrain des vieilles victimes:
          Mon Dieu!

Mélange d'hystérie et de mysticisme, religiosité malsaine à la Barbey d'Aurevilly.

Mais les rapprochements menacent de ne pas finir.

Comme Baudelaire, M. Rollinat adore les chats pour leur mystère et leur câlinerie voluptueuse, il est un dévot d'<Edgard> Poë,

De ce grand ténébreux qu'on lit en frissonnant;

Les tons violacés de Delacroix, l'ensorcellement mystérieux, inquiétant, diabolique de la Joconde, le frisson funèbre des ifs et des sapins le remuent délicieusement; il [288] aime les rhythmes berceurs, le retour obsédant des mêmes vers qui endort ainsi qu'un ronronnement. Il a un sens de la femme très moderne, une voluptuosité maladive, une recherche dans l'amour qui est bien d'un sensitif de décadence; et en même temps qu'il se livre à ces débauches d'imagination, qu'il traduit

La vie épidermique avec tous ses frissons,

il a des rêves de blancheurs idéales, immaculées, rayonnantes.

Ce n'est assurément ni l'affectation des formes vieillies, ni la bizarrerie cherchée, ni l'invention de mots inutiles et lourds tels que fantomatiser, envertiginer, incurieux ou monotoniser, ni l'excessif de certaines comparaisons qui peuvent immortaliser M. Rollinat.

Le dégoût n'a jamais semblé à personne un mystérieux recors. Et je m'étonne que la langue d'une fromagère emparadisssante puisse trouer une chair de volupté. Cette fromagère montre tout bonnement que le poète a lu Les Rougon Macquart, comme la vigoureuse et belle pièce: l'Enterré vif témoigne qu'il a étudié la Charogne, et s'en est approprié, non moins que la forme, la brutalité et la hauteur de verbe empoignantes.

Que dites-vous du vitriol des noires hypothèses? cela ne rappelle-t-il pas le riche métal de notre volonté?

Le soliloque de Troppmann, visiblement né du vin de l'assassin a des allures de complainte:

Je fus les attendre à la gare,
Dans la nuit froide, sans manteau;
J'avais à la bouche un cigare
Et dans ma poche un long couteau,

C'est le prud'hommes que dans l'atroce. Quant au Chat hydrophobe, il fera crever de rire nos petits-neveux; les [289] générations futures se demanderont avec stupeur si cette poésie charentonesque ne cache pas une mystification.

Il faut dégager de ce fatras baudelairien la note propre au poète. Les Névroses ne sont pas un livre décisif, et M. Rollinat aurait dû garder son portrait, sa belle tête souffrante et fatale, pour un autre recueil.

Je ne veux citer que quatre ou cinq pièces typiques: Les Agonies lentes, les Petits Fauteuils, le Val des marguérites, l'Allée des Peupliers et la Baigneuse.

Elle est poignante, cette poésie du mourant qui se sent mourir, et qui s'en va, par les beaux soleils, humer un peu d'air pur, sans cesse coudoyé

Par la santé publique avec ses ironies.

Victime de l'obsession de la mort, il entend la terre tomber sur son cercueil pelletée par pelletée; il se dessèche, il voit l'huile manquer, la lampe défaillir, et pourtant l'herbe fleurit, et dans les forêts la sève monte.

Le mot qui revient avec le plus de persistance dans les vers de M. Rollinat, c'est le mot frisson, l'auteur y laisse entrevoir son originalité; il a une touche frissonnante, plus frissonnante que la touche de Baudelaire.

Que ce soit le frisson des moribonds, le grelottement des peupliers trembleurs qui murmurent des pieds à la cime sous le déchaînement de la tempête, ou l'infini tremblotement de la rivière susurrante, M. Rollinat excelle à rendre ces agitations imperceptibles.

Il a le sens de la nature, daigne observer quelquefois. Délivrée de quelques banalités prétentieuses, sa Vache au taureau serait un tableau rural d'une simplicité et d'une beauté vraie. Le poète conserve dans un [290] coin secret, et quoiqu'il veuille se faire passer pour un "amant du sombre et du hideux," des délicatesses exquises.

Voyez les deux bébés:

Auprès du minet grave et doux comme un apôtre,
Côte à côte ils sont là, les jumeaux ébaubis,
Tous deux si ressemblants de visage et d'habits
Que leur mère s'y trompe et les prend l'un pour l'autre.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Tout ravis quand leurs yeux rencontrent par hasard
La mouche qui bourdonne et qui fait la navette,
On les voit se pâmer, rire, et sur leur bavette
Saliver de bonheur à l'aspect d'un lézard.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

La poule, sans jeter un gloussement d'alarme,
Regarde ses poussins se risquer autour d'eux,
Et le chien accroupi les surveille tous deux
D'un œil mélancolique où tremblote une larme.

Quel bon chien merveilleusement campé! Quel charme donne à ces vers l'exactitude du rendu. La bavette ensalivée, les bottinettes bleues et l'attitude pensive du minet renferment plus de poésie que toutes les hallucinations du monde. On veut absolument que poésie soit synonyme de fantaisie, lorsque de tels exemples prouvent que si la fantaisie est parfois poétique, le réel peut l'être bien davantage. Il suffit de redescendre du cinquième ciel où nous ont emportés les romantiques et de savoir regarder et comprendre. Je préfère la Baigneuse de M. Rollinat, dans sa prosaïque baignoire, avec son élégance moderne et ses odeurs capiteuses, aux nymphes de M. Armand Silvestre qui mettent des blancheurs vagues dans les bois assombris. Pourtant ne soyons pas trop sévères pour les paysages de rêve.

M. Rollinat en a de fort beaux, entre autres ce Val des Marguerites où la lune resplendit à travers des houx [291] lumineusement verts. Ce vallon discret, vaporeux, d'une lumière idéale, plaqué de touches vertes et de tons d'argent devait plaire à Sarah Bernhardt: c'est un peu le décor du cinquième acte d'Hernani. Dommage que

L'horreur des alentours en ferme les approches.

Pourquoi M. Rollinat a-t-il des chutes si brusques. Chez lui l'excellent coudoie le pire: les chevilles sont très mal placées, crèvent les yeux, et la richesse habituelle des rimes ne supplée pas à cet inconvénient, comme on le pense au Parnasse. J'ai dit plus haut mon sentiment sur la versification de Baudelaire, très laborieuse et souvent malhabile. Les disciples feraient bien de se défier de l'opinion vulgaire, qui, sur la foi de Gautier, veut voir dans les Fleurs du mal une suite de poèmes impeccables. Si, du moins, M. Rollinat avait la sonorité superbe du maître; mais l'ampleur est ce qui lui manque le plus: ce ne sont pas des majuscules pédantes et des métaphores vieillies qui peuvent la remplacer.

Il semble, au point où en est la poésie, et malgré les infiltrations naturalistes, qu'il faille se torturer la cervelle lorsqu'on écrit en vers, pour exprimer emphatiquement une idée simple. Si la poésie n'était qu'une école de rhétorique et d'artifices, elle mériterait le mépris de Pascal. On ne devient pas grand poète en tourmentant l'idée et la phrase, mais en exprimant aussi nettement que possible les impressions ou les sentiments de l'homme. Molière gagne aux ressources du rhythme, mais se tient généralement très voisin de la prose. Et c'est seulement quand il veut trop hausser le ton qu'il devient ridicule.

. . . . . Allons couronner en Valère
La flamme d'un amant généreux et sincère.

[292] La nouvelle poésie naturaliste, elle aussi, devra être très simple, dédaigneuse des inversions, des clichés et des enflures, plus soucieuse de la vérité du fond et de la solidité de la forme que des faux brillants.

 

[Die Anmerkungen stehen als Fußnoten auf den in eckigen Klammern bezeichneten Seiten]

[274] 1. La Fête votive.   zurück

[275] 1. Th. Gautier.   zurück

[275] 2. Th. Gautier.   zurück

[276] 1. Emile Deschamps.   zurück

[280] 1. Alfred de Vigny. La maison du Berger.   zurück

 

 

 

 

Erstdruck und Druckvorlage

Louis Desprez: L'évolution naturaliste.
Gustave Flaubert – les Goncourt – M. Alphonse Daudet – M. Émile Zola – les poètes – le théâtre.
Paris: Tresse 1884, S. 271-292.

URL: https://archive.org/details/lvolutionnatura01despgoog
URL: http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k61980d
PURL: https://hdl.handle.net/2027/mdp.39015065412051

Die Textwiedergabe erfolgt nach dem ersten Druck (Editionsrichtlinien).

 

 

Kommentierte Ausgabe

 

Aufgenommen in

 

 

Werkverzeichnis

Verzeichnis

Desprez, Louis: Lettres inédites de Louis Desprez à Émile Zola.
Introduction et notes de Guy Robert.
Paris: Société d'édition les Belles lettres 1952, S. 121-123.


Desprez, Louis / Fèvre, Henry: La Locomotive. Poésies.
Paris: Marpon u. Flammarion 1883.
URL: https://archive.org/details/lalocomotivepos00despgoog
URL: https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k62691g
PURL: https://hdl.handle.net/2027/mdp.39015030371168

Desprez, Louis: L'évolution naturaliste.
Gustave Flaubert – les Goncourt – M. Alphonse Daudet – M. Émile Zola – les poètes – le théâtre.
Paris: Tresse 1884.
URL: https://archive.org/details/lvolutionnatura01despgoog
URL: http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k61980d
PURL: https://hdl.handle.net/2027/mdp.39015065412051

Desprez, Louis: Les derniers romantiques. I. M. Paul Verlaine.
In: La Revue indépendante.
1884, Juli, S. 218-234.
URL: http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb32860109n/date
URL: https://catalog.hathitrust.org/Record/011249334

Desprez, Louis: Les derniers romantiques. II. M. Leconte de Lisle.
In: La Revue indépendante.
1885, März, S. 404-417.
URL: http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb32860109n/date
URL: https://catalog.hathitrust.org/Record/011249334


Desprez, Louis: Lettres inédites de Louis Desprez à Émile Zola.
Introduction et notes de Guy Robert.
Paris: Société d'édition les Belles lettres 1952.

Desprez, Louis: Gustave Flaubert.
Introduction et notes de René-Pierre Colin.
Tusson: du Lérot 2015.

 

 

 

Literatur

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Colin, René-Pierre: Zola, renégats et alliés. La République naturaliste. Lyon 1988.

Colin, René-Pierre / Nivet, Jean-François: Louis Desprez (1861-1885). Pour la liberté d'écrire. Biographie, suivie de Pour la liberté d'écrire et de Mes prisons, par un naturaliste. Tusson 1992.

Dufief, Pierre-Jean: Desprez, Louis. In: Dictionnaire des naturalismes. Hrsg. von Colette Becker u. Pierre-Jean Dufief. Bd. A-H. Paris 2017 (= Dictionnaires & références, 43), S. 296-298.

Fouquier, Henry [gez. Nestor]: La poésie moderniste. In: Gil Blas. 1884, 19. März, S. 1.
URL: http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb344298410/date

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In: Unsere Zeit. Deutsche Revue der Gegenwart.
1881, Bd. 1, [Heft 1, Januar], S. 50-66.
URL: https://de.wikisource.org/wiki/Brockhaus_Enzyklopädie#Unsere_Zeit
URL: https://catalog.hathitrust.org/Record/010314196
URL: http://opacplus.bsb-muenchen.de/title/531169-x

Groß, F.: Ein naturalistischer Lyriker. In: Die Gegenwart. Wochenschrift für Literatur, Kunst und öffentliches Leben. Bd. 29, 1886, Nr. 23, 5. Juni, S. 359-362.
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Hamon, Philippe u.a.: Poésie et naturalisme. In: Les Cahiers naturalistes 81 (2007), S. 5-100.
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Heinich, Nathalie: L'élite artiste. Excellence et singularité en régime démocratique. Paris 2005 (= Collection "Bibliothèque des sciences humaines").

Jurt, Joseph: Synchronie littéraire et rapports de force. Le champ poétique des années 80. In: Oeuvres et Critiques 12.2 (1987), S. 19-33.

Schulz-Buschhaus, Ulrich: Esquisse d'une tradition de poésie "naturaliste". In: Naturalismo e verismo. I generi: poetiche e tecniche. Catania 1988, S. 431-446.
PURL: http://gams.uni-graz.at/o:usb-064-83

Zola, Émile: Les poètes contemporains. In: Ders., Documents littéraires. Études et portraits. Paris 1881, S. 163-194.
URL: https://archive.org/details/documentslittra03zolagoog

 

 

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